Kouadio Daniel EKRA (Département de la santé publique, Abidjan) - Flambée de fièvre en Côte d’Ivoire dans une population vaccinée, en 2018
Les premières épidémies de fièvre jaune ont eu lieu à Grand Bassam en 1902 puis il y a eu plusieurs épidémies à travers le pays. A partir de 1982, le vaccin contre la fièvre jaune a été introduit dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV), en Côte d’Ivoire. Face aux diverses épidémies, la Côte d’Ivoire a renforcé son programme de vaccination avec une couverture vaccinale évaluée à 82% à l’âge de 9 mois.
Depuis 2001, il existe également un système national de surveillance qui permet de donner l’alerte de façon précoce. En 2019, au décours d’une épidémie de dengue, plusieurs cas de fièvre jaune ont été détectés dans une population vaccinée contre la fièvre jaune. Une étude a été menée pour décrire l’épidémie et expliquer les raisons de survenue de cette flambée dans une population vaccinée. Les cas ont été relevés grâce au système national de surveillance épidémiologique. Un cas suspect était défini par un ictère fébrile avec ou sans signes hémorragiques. Un test Elisa et une séroneutralisation étaient alors effectués sur les échantillons sanguins adressés à l’institut Pasteur (Sénégal et Côte d’Ivoire). Une investigation épidémiologique, entomologique et biologique a été conduite. En 2019, entre la semaine 1 et la semaine 30, 2947 cas suspects de dengue ont été notifiés et testés. Parmi eux, 152 cas présentaient des IgM positifs pour la fièvre jaune et 49 ont pu être investigués. La plupart d’entre eux (39) résidaient dans les districts de Cocody Bingerville et Abobo-Est (où l’on note la présence de nombreux gîtes larvaires), 47% étaient des hommes, l’âge médian était de 34 ans. 65% des cas avaient déjà été vaccinés contre la fièvre jaune et la couverture vaccinale était plus élevée chez les patients plus âgés. Aucun décès n’a été relevé. Face à cette épidémie, plusieurs éléments de riposte ont été proposés : la lutte antivectorielle avec élimination des gîtes larvaires, la communication et la sensibilisation des populations mais aucune campagne de revaccination n’a été mise en œuvre car il y avait eu une campagne de vaccination de masse en 2018 et que la majeure partie de la population était considérée comme immunisée. En conclusion, pour répondre à cette épidémie de fièvre jaune, la riposte a porté surtout sur la lutte antivectorielle mais l’épidémie a pris fin sans réalisation d’une campagne de vaccination de masse. Par rapport au statut vaccinal, la protection semble décroître avec l’âge et pose la question de la nécessite de revacciner tous les 10 ans. Des études approfondies doivent être menées pour aider à prendre des décisions concernant le rappel et la riposte vaccinale en cas d’épidémie.